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LaLibre – Philippe Weiler (nouveau CEO de Fairtrade Belgium) : “Pourquoi ne pas développer en Belgique un Beyond banana ou un Beyond coffee comme on l’a fait pour le chocolat ?”

Article écrit par Anne Masset, journaliste du service économie, La Libre Eco.

Dans ses prises de parole, Philippe Weiler utilise souvent l’exemple de Coca-Cola qu’il a vécu lors de son parcours au WWF. “L’empreinte ‘eau’ pour produire un litre de Coca s’élève à 2,5 litres : un litre pour mettre dans la bouteille et 1,5 litre pour rincer les bouteilles, etc. , raconte-t-il. Nous avons travaillé avec Coca pour réduire la consommation à l’intérieur des usines et, après 2-3 ans, pour diminuer l’empreinte en dehors de l’usine due à la production de tous les ingrédients nécessaires à la fabrication du Coca. On arrive alors à une empreinte ‘eau’ de 250 litres par litre de Coca, dont la majorité se trouve cachée derrière la canne à sucre cultivée dans des zones où il y a un manque d’eau.” Sa conclusion : “Il faut sortir des 4 murs de l’usine et s’attaquer à toute la chaîne” Un principe que ce spécialiste du développement durable ne cessera plus d’appliquer. Notamment chez Lidl où il était directeur Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et a mis sur pied la stratégie durabilité. Danseur d’abord Et pourtant, il commença par être… danseur. Au sortir de ses études en bio-ingénierie à la KULeuven, Philippe Weiler, de nationalité française par sa mère mais qui a passé sa jeunesse à Anvers, passionné de danse donc, tourne autour du monde pendant trois ans avec la pièce “Bonjour Madame” d’Alain Platel (Les ballets C de la B).

Puis, avec sa compagne, également bio-ingénieure, il décolle pour le Salvador où il travaille, pendant trois ans aussi, pour un projet de l’ONG Trias, financé par la Commission européenne, de production de médicaments à base d’herbes médicinales, moins chers que les médicaments traditionnels. Les revenus servant à aider les coopératives. Comme un air de fairtrade, déjà…

Fin 1999, ce passionné de langues (il en connaît 6) entre au WWF, responsable du programme “eau douce”, ensuite des partenariats avec les entreprises en Belgique et enfin, mondialement, du programme “changement climatique” à destination des entreprises. Il en sort avec une autre idée forte : “Pour avoir le plus d’impact aux niveaux écologique et social, il faut travailler avec les entreprises”.

Le voici, depuis trois semaines, CEO de Fairtrade Belgium. Fairtrade, alias le commerce équitable. L’ONG appose son label sur les produits des petits producteurs du Sud réunis en coopératives qui respectent ses standards fairtrade. À la clé, un prix minimum garanti et une prime fairtrade à investir dans l’amélioration de la production ou l’éducation et la santé de la communauté.

“Opportunités énormes”

Philippe Weiler compte agir sur trois axes. Un, le commercial. Et de donner deux chiffres à titre d’exemples. En Belgique, 3 % du café consommé seulement est fairtrade et 15 % du cacao : “Les opportunités de développement sont donc énormes” . Deux, la communication et la sensibilisation : “La tendance est positive; maintenant, il faut qu’elle se traduise dans les habitudes de consommation.” Trois, le plaidoyer : “Aux niveaux belge et européen, des législations sont en cours de formation impliquant le devoir de vigilance des entreprises. Celles-ci seraient responsables des impacts sociaux et environnementaux de la production tout au long de la chaîne. C’est une belle occasion pour Fairtrade d’y inclure la notion de salaire et revenu vitaux”.

En outre, avec l’initiative Beyond Chocolate, qui rassemble en Belgique les entreprises chocolatières, détaillants, société civile et instituts de recherche, “le but est, sur base volontaire, d’atteindre en Belgique en 2025 100 % de cacao certifié durable et d’aller un cran plus loin en 2030 en y incluant le revenu vital (living income). Pourquoi ne pas développer un Beyond banana ou coffee ?”, s’exclame-t-il.

Dans le pipeline, à l’heure actuelle, la Semaine du commerce équitable qui se déroule du 5 au 15 octobre. Pour sensibiliser partout dans le pays au commerce Nord-Sud. Et le commerce Sud-Sud ? “Nous avons la volonté de le faire.” Et le Nord-Nord ? “Il faut ouvrir la discussion.” Mais Philippe Weiler revient sur le cas du café : “Environ 25 millions de petits producteurs (2 ha maximum) cultivent du café dans le monde, dont 838 000 sont fairtrade qui produisent 889 000 tonnes de café fairtrade. Un quart seulement est vendu aux conditions fairtrade, faute d’acheteurs au Nord…”. Il y a du travail…

Si la danse, il l’approche aujourd’hui plutôt en spectateur, cet ancien champion de Belgique (pendant plusieurs années) de plongeon artistique aime toujours grimper haut et sauter. Il est prêt !

Le changement climatique menace le café

Selon une étude commandée par Fairtrade, même en cas de baisse des émissions de gaz à effet de serre, 50 % des terres présentant des conditions propices à la culture de l’Arabica et du Robusta disparaîtront d’ici 2050. Et le changement climatique a déjà un impact sur la production de café. “Des périodes de chaleur persistantes (plus de 30°) réduisent le rendement de la récolte de café et la qualité du café” , souligne Fairtrade. Ce qui met les producteurs, touchés par le Covid et aujourd’hui par la hausse des coûts de production et des engrais, “dos au mur” . Dans sa nouvelle campagne sur le thème ( Un monde sans café est un monde défiguré #savecoffee ), lancée à l’aube de la Semaine du commerce équitable, Fairtrade Belgium pousse donc entreprises et consommateurs à opter pour du café fairtrade et les gouvernements à garantir le droit des producteurs à un revenu vital. L’ONG en appelle à un bâillement collectif “car s’il n’y a plus de café à l’avenir, comment resteronsnous éveillés ?”.

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